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Le secret du monument aux morts et les fouilles archéologiques

Avant de célébrer la traditionnelle cérémonie commémorative du 11 novembre 1918, ont été fêtés ensemble l’inauguration de la place de l’Eglise réaménagée et le nouvel emplacement de notre monument aux morts.

C’est à l’occasion du démontage de ce dernier, que les ouvriers ont découvert en son sein des documents qui nous ont dévoilés toute l’histoire de ce monument : un secret que ce dernier avait bien gardé pendant ces 82 années et que nous illustrons ici.

C’est à l’Auberge « Aux Deux Clés » (Gasthaus « Zu den Zwei Schlüsseln ») qui portait alors le n°102 et était la propriété de Philippe FREYSZ, que 3 bons amis ont scellé le pacte de faire ériger un monument aux morts en mémoire de leurs camarades victimes de la guerre de 1914-1918.

Nos 3 amis profondément unis s’appelaient :

  • Jacques HUMANN dit « Burjöckel » né le 31 août 1894
  • Jacques FREUSZ dit « Schultze Onkel » né le 17 avril 1895
  • Frédéric BRUMDER dit « Bruemder Fritz » né le 13 janvier 1903

C’est à eux que nous devons ce monument aux morts et au Maire de l’époque, Guillaume FREYSZ qui a permis de le faire réaliser.
Nous le savons aujourd’hui puisqu’ils ont déposé un message daté du 14 novembre 1921 dans le monument au moment de son assemblage.

En effet 2 tubes de verre contenaient 3 documents, à côté de 2 pièces de monnaie de l’époque.
Le premier document relate des circonstances de la décision de faire ériger le monument.
Le deuxième document est un message personnel de Philippe FREYSZ, propriétaire du restaurant, en hommage à sa famille.
Le troisième document a été écrit par le Pasteur Ludovic WILL, qui a supervisé son édification avec l’Adjoint Jean-Philippe BAUER

Inauguration du monument aux morts le dimanche 21 novembre 1921 (Totensonntag) en présence du maire Guillaume FREYSZ et du pasteur Ludovic WILL qui bénit le monument.

Hasard de l’Histoire : ce même Philippe FREYSZ devenu Maire par la suite, a ré-inauguré en 1948 le monument restauré sur la place après profanation par les nazis durant la guerre 1939-1945.

« Les portes-haches Jacques DIEMER (à gauche) et Philippe SCHOTT (à droite) devant le monument aux morts ré-inauguré le dimanche 20 juin 1948 »

« La Concorde » se rendant au Monument aux Morts en 1948
Si en 1921, ce monument était un symbole de fraternité et du souvenir pour Jacques HUMANN, Jacques FREYSZ et Frédéric BRUMDER, ils savent aujourd’hui qu’il l’est également resté pour nous. Sa rénovation et son repositionnement en 2003 ont permis de le mettre davantage en valeur pour que d’autres générations puissent s’y arrêter, s’y recueillir et méditer sur la paix.

Rénovation et repositionnement en 2003

A leur tour, lors du remontage du monument, le Maire Philippe DEBS, le premier Adjoint Jean
NOEPPEL, l’Adjoint Jean – Noël VINCENT, et le Conseiller Jean – Daniel LIENHARDT ont déposé un message avec 2 euros, notre monnaie d’aujourd’hui, celle d’une Europe qui s’unit de plus en plus, gage de paix qui y règne désormais depuis un demi-siècle.

Ce message est le suivant :

« De façon symbolique et tragique, ce monument aux morts de la 1ère guerre mondiale, édifié dans les années 1920 à l’époque où l’on parlait de la « Der des Der », révèle ses archives intimes à l’occasion de son transfert, au moment où un nouvel affrontement commence dans l’un des plus anciens berceaux de la civilisation. »

Entzheim Info n°15 – Décembre 2003.

Les fouilles archéologiques à Entzheim

Des fouilles méticuleuses

Le Centre Départemental d’Archéologie du Bas Rhin (CDA) a réalisé, du 15 février au 30 juin 2006, son premier chantier de fouilles préventives entre Entzheim et Geispolsheim. Une visite du chantier a été organisée le samedi 10 juin, de 14h00 à 18h00.

Pourquoi fouille-t-on ?

Les activités des hommes modifient sans cesse le sol. En fouillant, les archéologues ouvrent des fenêtres sur notre passé. Le moindre tesson, la plus petite trace de feu, parfois même quelques graines peuvent permettre de comprendre un peu mieux à quoi pouvait ressembler ce même endroit à une époque antérieure et, quelquefois, de renouveler nos connaissances sur les sociétés anciennes. Le rôle de l’archéologue est de faire parler les « archives du sol ». Ces découvertes du passé nous permettent de mieux appréhender notre présent.

Entzheim-Geispolsheim « Aéroparc LIDL »

En décembre 2005, 285 tranchés de sondage ont été réalisées sur le terrain concerné par un projet d’implantation d’une plateforme logistique pour la société LIDL. Elles ont permis de définir le potentiel archéologique sur une surface de 10 hectares. Cette opération a confirmé l’occupation ancienne du secteur.

Suite aux prescriptions du Service Régional d’Archéologie, 1.5 hectares découpés en 4 fenêtres ont d’abord été fouillés de février à avril.
A partir du mois de mai, les 1.5 hectares restant ont été fouillés sous forme d’un grand décapage extensif.
Une sixième zone de fouille sur des terrains appartenant à la CUS a concerné l’accès à la plateforme.

Cadre géomorphologique

C’est au début de la dernière période froide du Quaternaire, le Würm (-80 000 avant J.C.), que la terrasse de Lingolsheim a été individualisée. Le Rhin a déposé ici des sables et des graviers gris, d’origine alpine, exploités dans les gravières riveraines, à une profondeur d’environ 10m. Le fleuve s’est ensuite écarté du site, pour s’écouler dans un chenal rétréci, à l’est de la plaine.
Au Tardiglaciaire, entre -80 000 et -16 000 avant J.C., une rivière vosgienne, La Bruche, s’installe sur cette terrasse. Elle transporte une grande quantité de sable et gravier (matériel arraché aux Vosges greneuses). Elle s’étale à son débouché dans la plaine, formant un cône de déjection sur le matériel rhénan et modelant la topographie de la terrasse.
A la fin de cette période entre -16 000 et – 10 000 avant J.C, des vents violents transportent des limons très fins, les lœss, dans un environnement et un climat de type septique. Ces dépôts couvent et masquent les graviers vosgiens, auxquels ils sont parfois mélangés. Le site fouillé se situe sur le sommet de cette terrasse de Lingolsheim. Au nord et au sud, se retrouvent de zones à couverture de lœss préservée, où s’inscrivent préférentiellement les occupations humaines. La fouille est traversée par un ancien cours de la Bruche.

Néolithique

L’occupation date d’il y a environ 7000 ans. Il s’agit de vestiges appartenant au Rubané c’est-à-dire à la première culture néolithique en Alsace. Son arrivée correspond à l’introduction de la culture et de l’élevage, quelque part aux alentours de 5400/ 5300 avant J.C. Cette révolution est accompagnée de toute sorte d’innovations comme l’apparition des premiers villages sédentaires, de la pierre polie ou encore de la poterie.
Aujourd’hui, il ne reste bien évidemment rien de ces constructions en matériaux périssables, et seuls les trous de poteaux sont conservés. Mais ces indications suffisent aux archéologues pour proposer des restitutions de l’habitat néolithique. Les maisons ne sont pas isolées dans l’espace. Bien au contraire, elles sont au centre de toute série de structures – des fosses – ont les plus importantes sont placées le long des parois des maisons. Ces grandes fosses latérales dites fosses de constructions sont, d’abord, utilisées pour extraire les matériaux (lœss) nécessaires pour la fabrication des murs de la maison. Ensuite, elles servent plus souvent de dépotoirs. D’autres fosses, les plus petites se trouvent aussi en nombre dans les villages néolithique. Leur fonction n’est cependant pas très claire (fosse d’extraction, fosse de stockage), mais elles sont aussi souvent utilisées comme dépotoirs. Ces fosses contiennent généralement des fragments de céramique, des outils en pierre, en os…
Outre les vestiges d’habitats, on a également découvert des sépultures anciennes de 7000 ans. Au cours du Rubané, les sépultures sont en règle générale regroupées en nécropole. D’autres cas de figure sont attestés, comme à Entzheim où les morts sont enterrés dans le village. Certains défunts sont accompagnés de mobilier funéraire –céramique, outillage en pierre, parure -, ce n’est pas le cas à Entzheim, où les tombes sont d’une extrême pauvreté.

Protohistoire

Une occupation du début du Second Age de Fer (la Tène ancienne entre 475 et 425 avant JC environ) a été reconnue dans les zones explorées pendant la première phase. Elle se caractérise par la présence d’une grande concentration de structures de stockage. Il s’agit de silos, en forme de bouteilles, creusés dans le sol et destinés au stockage souterrain des céréales. Suite à leur abandon, leur comblement renferme des restes de consommation (vaisselle et déchets culinaires).
On notera la présence de plusieurs dépositions d’animaux complets au fond du silo (lièvres et chiens). De plus, plusieurs silos ont livré des squelettes humains. Certains étaient accompagnés d’éléments de parure (torque = collier rigide, bracelet et bague).
Une occupation de la fin du Premier Age de fer (entre 525 et 475 avant J.C environ) a été reconnue dans la zone 1.

Un squelette mis à jour sur le site des fouilles près du grand giratoire

Epoque Gallo – Romaine

A l’époque Gallo-romaine entre le Ier et le IVème siècle après J.C, le secteur des zones 4 et 5 est probablement occupé par une petite agglomération constituée d’une dizaine d’habitations disposées sur deux rangés parallèles et distantes d’une soixantaine de mètres. Les habitations ont aujourd’hui entièrement disparu. Seules les caves, creusées dans le sol ont été conservées. Il s’agit de caves de petites dimensions (entre 2 et 3 m de côté) auxquelles on accédait, parfois, par quelques marches. Elles servaient principalement au stockage ».
Plusieurs puits assuraient l’approvisionnement en eau de cette petite agglomération. Certains ont conservé leur cuvelage en moellons de grès.

Epoque contemporaine

Le site a également livré quelques tranchées allemandes de la Seconde Guerre Mondiale, liées à la protection de l’aéroport

Entzheim Info n°18 – Décembre 2006.